En savoir plus

Contexte et enjeux

Entre surproduction, surconsommation, et mauvaise gestion des déchets, le plastique est devenu une problématique environnementale majeure. Les particules de plastique de taille comprise entre 1 µm et 5 mm, aussi appelées microplastiques, sont particulièrement préoccupantes car omniprésentes dans les milieux aériens, terrestres et aquatiques. L’utilisation et la mauvaise gestion des plastiques en agriculture (plasticulture) ne font qu’amplifier le problème déjà bien connu des usages domestiques et industriels. À l’heure actuelle, nous savons que les microplastiques peuvent être inhalés et ingérés par l’Homme. En plus d’être eux-mêmes potentiellement toxiques, ils agissent comme des vecteurs d’autres contaminants et élargissent la gamme des substances toxiques bioaccumulées par les êtres vivants. Parmi les polluants organiques persistants pouvant être véhiculés par les microplastiques, les résidus pesticides (incluant la matière active et ses produits de transformation) méritent une attention particulière car ils sont utilisés de manière intensive et continue dans l’agriculture moderne entrainant une contamination environnementale pouvant perturber le fonctionnement des écosystèmes et engendrer des problèmes de santé publique.

L’impact des microplastiques sur le transport, les voies d’exposition et la toxicité des pesticides pour l’Homme est une problématique encore peu explorée. Pourtant, nous savons que les microplastiques et les résidus de pesticides peuvent interagir et former des assemblages potentiellement toxiques pour l’Homme. Peut-on parler d’effet adjuvant des microplastiques ou simplement de vectorisation des résidus pesticides ? Les transformations biotiques et abiotiques des microplastiques ont-elles des conséquences sur leur interaction avec les pesticides et leurs métabolites, agissant ainsi sur leur biodisponibilité avec comme résultante une toxicité plus ou moins accrue pour l’Homme ?

Les dimensions de santé humaine sont au cœur du projet, mais il est impossible de ne pas considérer le continuum production agricole, transformation alimentaire et alimentation sur ce sujet. En effet, il a été montré que des particules de plastique peuvent être absorbées par les plantes, elles-mêmes pouvant être traitées par des pesticides. De même que l’assimilation de microplastiques et de résidus pesticides par d’autres organismes vivants (poissons, crustacés, ruminants) est un phénomène identifié sans toutefois en connaitre les effets sur la santé de l’Homme.

Dans ce contexte, il nous est apparu nécessaire de structurer une communauté scientifique interdisciplinaire capable 1) de mettre en œuvre une analyse intégrée des divers flux de microplastiques et de pesticides, 2) d’identifier les connexions entre ces flux facilitant l’association de ces contaminants et 3) de mettre en lumière les diverses sources d’exposition et les risques en alimentation humaine. La question des interactions ou synergies entre plusieurs polluants (effet cocktail) de différentes natures, incluant entre autres les additifs des microplastiques et d’autres polluants organiques persistants, sera également prise en compte, tout autant que leurs impacts à l’échelle environnementale dans un contexte « One Health ».

Objectifs

Le projet a pour objectifs :

1. de définir et de hiérarchiser selon leur niveau de toxicité, les flux de pesticides (y compris leurs métabolites) et de microplastiques dans les différents compartiments terrestres en considérant diverses pratiques agricoles et urbaines ;
2. d’établir l’interconnexion des différents flux menant à des interactions microplastiques-résidus pesticides dont l’exposition dans l’alimentation humaine peut s’avérer inévitable, voire toxique ;
3. de poser les bases d’un ou de plusieurs projets ambitieux dont l’enjeu principal serait d’évaluer les risques et dangers sanitaires dans l’alimentation humaine des résidus pesticides associés à des microplastiques.

Unités INRAE impliquées

• Optimisation des procédés en agriculture, agroalimentaire et environnement
• Ingénierie des agropolymères et technologies émergentes
• Biopolymères Interactions Assemblages
• Laboratoire d’étude des résidus et contaminants dans les aliments
• Toxicologie alimentaire
• Microbiologie, environnement digestif et santé
• Laboratoire de biotechnologie de l’environnement
• Institut d’écologie et des sciences de l’environnement de Paris
• Agroécologie
• Fonctionnement des hydrosystèmes

Partenaires non INRAE

• Institut des substances et organismes de la mer
• Institut de recherche en santé, environnement et travail
• Institut de Recherche Dupuy de Lôme

Contact -coordination

Corinne Rondeau-Mouro : corinne.rondeau@inrae.fr